jeudi, décembre 12, 2024
Société

RDC/Goma. Manifestations anti-MONUSCO. Entre colère légitime et destruction méchante

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Goma s’est réveillé lundi 25 et mardi 26 juillet 2022 sous haute tension. Des jeunes gens, tout sexe confondu, ont pris d’assaut les installations de la Mission des Nations-Unies pour la stabilisation du Congo (MONUSCO). Routes barricadées avec de grosses pierres de laves du volcan, toute la ville paralysée donnant l’impression d’une ville morte. Tel un volcan en éruption, de vagues des jeunes dont l’âge varie entre 10 et 30 ans ont brûlé entrepôts, bâtiments, saccagé tout ce qui ne pouvait pas être emporté et ont pillé systématiquement la MONUSCO. Terreur et désolation mêlées. Rien ne peut expliquer cette colère d’une marche qui se voulait pacifique transformée vandalisme, saccage et destruction méchante. Les jeunes gens scandaient tous le départ de la MONUSCO. Seulement entre cette détermination de voir la MONUSCO partir de la RDC et les actes de vandalisme, il y a un pas qu’ils ont franchi avec brutalité et méchanceté. Comme des chiens enragés, les jeunes gens ont continué leur besogne mardi aux petites heures matinales affrontant de face les casques bleus hébétés et dépassés par les événements. Il faut féliciter la maîtrise des soldats de la paix qui ont, devant l’ire, évité un bain de sang. La Base de la RVA où se trouve un hôpital ultra moderne des Indiens, la base Transit de la TMK qui garde des équipements de génie civil, les bureaux et installations en ville. Rien n’a été épargné. Des hélicoptères ont réussi à exfiltrer le personnel qui se trouvait dans ces sites grâce à des tirs de sommation.

Une oreille inattentive et une communicative méprisante

22 ans de service dans un pays où la violence extrême a quadruplé sous sa barbe, la MONUSCO a été inattentive aux pleurs de la population congolaise. De l’observateur à l’acteur actif, la MONUSCO a brillé par une passivité inexpliquée même alors qu’elle est sous le mandat du Chapitre 7. Souvent la MONUSCO a aussi brillé par ses communications de complaisance et pleines de mépris avec des phrases alambiquées du genre : « Nous ne sommes pas ici pour faire la guerre à la place des FARDC mais pour appuyer les institutions ». Mais que signifie alors le Chapitre 7 ? Comme notait un observateur qui a œuvré dans le système des Nations-Unies : « Deux services seulement fonctionnent à la MONUSCO. Et ce, au détriment de la RDC. Le Bureau conjoint des Nations-Unies pour les droits de l’homme ayant mission de monitorer les violations qu’il attribue souvent aux services étatiques et le JMAC. Tous deux ayant le rôle de chercher des poux sur les têtes des FARDC. » De ce fait, aidée par des experts dont les recherches brillent par l’amateurisme, la mission de la MONUSCO se résume à lister les personnes à sanctionner. Ce qui est de la pire distraction. D’un autre point de vue, la communication de la MONUSCO frise le mépris du peuple congolais. Depuis « No Nkunda, no Job », l’opinion est restée sur l’idée que la MONUSCO est dans l’affairisme et qu’elle y restera dans la durée. Une vidéo devenue virale de l’ex- président et sénateur à vie Joseph Kabila en témoigne. Les justifications injustifiées de son inefficacité ne convainquent plus personne. Tout le monde se plaint de la lassitude de la mission, des disfonctionnements administratifs, de l’inopérationnalité de certains contingents au front et surtout de la maladresse pour justifier la prise de Bunagana. Toutes les raisons avancées d’une présence en RDC pour appuyer et non être à la ligne de front sont farfelues et sont battues en brèche par le Chapitre 7.

Comment peut-on appuyer une armée qui manque de l’équipement parce que les Nations-Unies dont dépend la MONUSCO ont refusé qu’elle s’en procure pour défendre son territoire ?

Pour rappel, le mandat de la Brigade FIB (Résolution 2098 de mars 2013) est d’appuyer les unités FARDC engagées en matière de Renseignements tactiques, d’Héliportage, d’évacuation sanitaire, de protection des arrières en occupant les localités libérées. Le texte stipule : « Seule ou avec les FARDC », la Brigade doit mener des offensives ciblées et robustes, en faisant preuve d’une grande mobilité et adaptabilité et dans le strict respect du droit international » et ce, en vue d’empêcher l’expansion de tous les groupes armés, de les neutraliser et de les limiter dans le temps. »

Un autre observateur a résumé en deux points l’inefficacité de la MONUSCO : « La lourdeur dans ses interventions, le manque de réactivité et la passivité, d’une part et, d’autre part, son écartèlement entre la loyauté des contingents vis-à-vis de leurs pays d’origine, des Nations-Unies et de la RDC. La population congolaise s’est toujours demandé l’objectif réel poursuivi par la MONUSCO et le sens à donner à la présence de la Brigade d’intervention.

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Nicaise Kibel’Bel Oka

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