(Église St Jean de Lusanga (ex-Leverville) PLC, diocèse de Kikwit.)
Les larmes font partie du processus de guérison. Jésus pleurait par amour autant que par chagrin. Les évêques de la RDC sont peinés, ils souffrent et pleurent en silence pour l’Église famille de Dieu et pour ce qui lui arrive, à elle, à ses fidèles et à ses pasteurs : « Nous avons pris l’engagement de rester chastes et célibataires pour le Royaume lors de notre ordination diaconale. Pour son célibat, le prêtre devient l’homme pour les autres. Le célibat devient l’expression de l’amour du prêtre pour le Seigneur. (…) Ceux qui ont des enfants doivent être éloignés de l’état clérical. » La lecture de l’exhortation des évêques de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) aux prêtres sur la chasteté sacerdotale et sur les droits des enfants et des personnes vulnérables témoigne de l’expression de la douleur et de la souffrance, une vraie compassion de l’interpellateur à l’endroit de l’interpellé. Rien d’humiliant. Aucune menace, aucune malédiction proférée. Les évêques de la RDC n’ont pas esquivé le problème qu’ils ont abordé avec respect et amour : le contrôle sexuel de soi, dans tout ce qui touche les relations entre le prêtre (homme) et la femme, et le sort réservé à la progéniture issue du fruit défendu. Ils n’ont pas distribué de certificat de mauvaise conduite bien que le célibat assorti de chasteté soit obligatoire pour tout prêtre. Il n’y avait pas d’autres choix pour les personnes qu’on aime et avec qui on a commencé et entrepris l’œuvre du Christ sur terre. La vocation, cet appel particulier à une âme singulière à consacrer sa vie au service de Dieu, fait des prêtres une troupe de frères joyeux au service du Seigneur. Ils savent aussi que le prêtre est appelé à dormir seul et à aimer tout le monde sans distinction jusqu’à ses ennemis. Comme l’adoration à genoux, le prêtre ne la doit qu’à Dieu et non à une femme quel que soit sa beauté.
Une exhortation d’amour prise dans la souffrance sollicitant la volonté de ceux qui ont des enfants de s’éloigner de l’état clérical, pour le bien de l’Église et pour celui des femmes qu’ils ont « aimées et/ou abusées » trahissant leur engagement sacerdotal et les enfants qui ont besoin de l’amour paternel : « L’Église propose la demande de dispense des obligations sacerdotales pour que le prêtre concerné réponde à ses responsabilités de parent ». Et ce, à un moment où il y a trop peu de bergers pour le vaste troupeau. Mais les évêques le disent avec clarté : « L’Église veut protéger non seulement la sainteté mais aussi les droits des personnes vulnérables et des enfants », la Miséricorde n’excluant pas la justice et la vérité. Il serait faux de croire que l’exhortation des évêques de la CENCO ne concerne que les prêtres qui ont des enfants. Elle est une méditation « sur la chasteté et le célibat sacerdotal en vue d’une protection plus sûre et incisive des plus grands biens de l’Eglise que sont la foi, la sainteté des sacrements et la vie des personnes les plus vulnérables. » Méditation adressée aussi aux fidèles qui participent à l’œuvre de la tentation soumettant les prêtres au péché. Dans ce monde où les NTIC, la pornographie, les téléphones androïd, la pauvreté, la convoitise, les mini-jupes et le dos nu constituent l’expression d’une liberté débridée et pervertie conduisant à la tentation, cette exhortation engage tout le monde, chrétiens de tout sexe confondu. L’Église, en Occident, est secouée par des scandales de pédophilie des prêtres sur des jeunes garçons et/ou filles, des enfants métis abandonnés par des prêtres réclamant réparation, la jeune Église de la RDC a besoin du soutien de ses fidèles dans la prière pour ses pasteurs. Nulle personne sensée ne peut se réjouir de ce qui frappe aujourd’hui notre Église. L’Église saigne, les cœurs pleurent. La faute à nous tous, en particulier à certains évêques (ayant eu vent de cette situation) pour avoir été complices et tolérants de cet égarement. Ne pas condamner et surtout ne pas faire la chasse à la sorcière afin d’amener les prêtres concernés d’agir par eux-mêmes en déclarant leur état de parents et d’époux. Le mérite des évêques de la RDC aura été ce courage pour crever l’abcès mais aussi leur responsabilité est engagée dans cette lourde mission. L’Église est la cité sur la montagne. De ce fait, elle ne doit rien cacher. Elle a pour mission de témoigner devant le monde. Si elle ne témoigne pas la vérité et la justice, on risque de la traiter de menteuse, d’hypocrite. Contrairement à ce qu’une certaine opinion fait croire, le problème du célibat sacerdotal ne date pas d’aujourd’hui. L’Église de la RDC a toujours agi, dans la douleur. L‘exemple du diocèse de Kikwit est éloquent. Dans les années 1970, l’abbé Barthélemy Gusimana wa Mama, fondateur de la 1ère école secondaire privée (Institut Saint Michel) à l’enseignement libéral et libertaire de Masi-Manimba, avait pris femme et eut des enfants. Il fut écarté de l’Eglise et interdit de célébrer l’eucharistie. Prions pour nos pasteurs, pour l’Église, famille de Dieu.
Nicaise Kibel’Bel Oka