(Dans la maison du Seigneur à Lubumbashi, Kabila et Katumbi fument le calumet de la paix par un geste de réconciliation. Photo tiers)
Le traitement rapide n’a jamais guéri les blessures profondes. Il exige tout au plus la passivité du patient étendu sur la table d’opération et à qui on demande de rester tranquille et de laisser les spécialistes accomplir leur travail. A Lubumbashi, dans la cathédrale, les gens ont assisté à la sainte passivité qui a permis au processus de réconciliation de se dérouler sans entrave. La réconciliation « made in Church of DRC ». Jusqu’à la poignée de main. Kabila-Katumbi, une guérison instantanée opérée sans participation effective des protagonistes. Devant Mgr Fulgence Muteba, archevêque métropolitain de Lubumbashi, deux grands Katangais, Joseph Kabila et Moïse Katumbi, deux frères ennemis, hier Jésus et Judas, se sont donné la main en s’enlaçant les dos. Faut-il donner du crédit à leur geste médiatisé ou s’en rire ? D’emblée et au regard des images produites, il s’est posé la question de la sincérité de deux frères ennemis dans l’acte posé. Car, la sincérité est l’engagement à voir la réalité telle qu’elle est, sans déformation. En commençant à reconnaître que nous nous sommes trompés, on supprime la vie de mensonges et de coups bas. Faut-il croire qu’ils ont enterré la hache de la guerre pour fumer le calumet de la paix ? La RDC est un pays de mystères (les Kinois diraient un pays « mystique ») indéchiffrables. La sincérité, à la base du changement de comportement de deux protagonistes, devrait être une forme de repentance. D’où la question à Mgr Fulgence Muteba : « Dans la réconciliation entre Kabila et Katumbi, l’archevêque métropolitain a-t-il a senti et examiné la repentance et la pénitence dans toute leur spiritualité dans les deux personnes ? » Car, le cœur de l’homme est trompeur. Il cache une foule de choses viles et pénibles auxquelles nous préférons fermer les yeux. On répondra que le processus s’est déroulé en douceur et que le pardon (s’il pardon il y a eu) aura été le plus grand atout. Dans cette cathédrale et au regard des applaudissements nourris mais aussi de ce qui se lisait sur la figure de deux frères ennemis jusqu’hier, l’on peut conclure à la sainte passivité made in Church of RDC. Mgr l’archevêque métropolitain a convié les deux protagonistes à une réconciliation. Devant témoins, chrétiens comme païens. Sans que chacun de deux protagonistes ne donne les raisons à la base de la séparation haineuse, de leur divorce. Sans que le médiateur ne demande à chacun de débiter ce qui le chagrine. On a dit la prière et imploré le bon Dieu à descendre pour toucher leurs cœurs et apporter la paix. La prière récitée, l’on a demandé aux deux ennemis hier de se serrer la main. Puis est venu le moment des applaudissements et des photos, l’étape de prendre un verre de réconciliation. A-t-on résolu le différend qui a conduit les deux frères jusqu’à se haïr, voire à faire couler du sang dans le rang de leurs fanatiques ? Est-elle une réconciliation passive et théâtralisée ? Toutefois, Mgr l’archevêque a inauguré un processus. Demain, on ne sera pas surpris que Joseph Kabila se réconcilie avec Vital Kamerhe (si elle n’a pas encore été faite puisque Olive Lembe a rendu visite à Hamida Shatur). Sur les réseaux sociaux, on réclame une réconciliation entre Mbusa Nyamwisi et Julien Paluku (même si lors de la visite de réconfort rendue Mbusa Nyamwisi éprouvé, on a vu une bouteille de champagne sous la table). Des réconciliations, il en a existé. La plus récente, loin des regards et sans médiateur visible aura été entre Étienne Tshisekedi wa Mulumba et Gabriel Kyungu wa Kumwanza. La sainte passivité consiste à entraîner les protagonistes dans une entente sans toucher les problèmes qui les divisent. Un problème ne peut être résolu à fond tant qu’il n’a pas été affronté honnêtement. Dieu a-t-il été satisfait ? Mgr Fulgence Muteba a osé. Il mérite félicitation et encouragement. Il revient aux protagonistes de ne pas le décevoir car le symbole dans notre Église a été très fort. Heureux les artisans de la paix, ils seront appelés fils de Dieu. Qui dit mieux !
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Nicaise Kibel’Bel Oka