Nairobi/Kenya. Une force militaire régionale sans le Rwanda avec Q.G. à Goma dans au moins 2 mois
(Nairobi 19 juin 2022. Les chefs d’états-majors des armées de East African Community posent pour l’histoire. Photo Les Coulisses).
Nairobi/Kenya. Les négociations ont été rudes au niveau des chefs d’États-majors de East African Community pour arracher enfin la non-participation du Rwanda à la force militaire régionale. La RDC a montré avec des preuves à l’appui l’agression de son territoire par le Rwanda : « Le M23 n’existe pas. C’est le Rwanda qui occupe Bunagana. » Le message a été capté 5/5 et acté. Les pays de l’EAC vont fournir les contingents pour être déployés à l’est de la RDC, excepté le Rwanda. Pour la 3ème fois, les chefs d’État réunis le 20 juin 2022 à Nairobi ont ordonné aux rebelles du M23 de retourner à leur position initiale à Sabinyo. Et ce devant le président Kagame. Même si le Rwanda ne va pas s’exécuter facilement sans une contrainte de feu comme en 2013 mais l’essentiel est que le message est passé à tous les niveaux.
Il a été convenu que la ville de Goma abrite le Q.G de la force militaire ainsi constituée. La force militaire régionale pourrait se mettre en place d’ici deux mois et être opérationnelle. Chaque État va prendre en charge ses soldats qui composeront ladite force. La force militaire régionale va coopérer avec la force des Nations-Unies au Congo (MONUSCO). Dans un premier temps, le Kenya prend le commandement de la force militaire régionale. Le commandement second revient à la RDC assistée par le Burundi. Il sera rotatif. Nos sources sur place à Nairobi ont fait état de la méfiance observée durant les échanges notamment les craintes justifiées de la RDC sur la connivence de trois pays, à savoir le Rwanda, l’Ouganda et le Kenya. Bien que le dialogue est parrainé par le Kenya, la délégation congolaise a été renforcée dans sa conviction que le Kenya est un allié du Rwanda et ne résiste pas à la manipulation de Kigali. C’est cela le défi majeur de la RDC. Aujourd’hui où la dent de Patrice Lumumba retourne reposer sur le sol de ses ancêtres, force est de constater que l’histoire du Congo s’écrit encore à l’étranger (Nairobi/Kenya) par des frères étrangers. Espérons que c’est le brouillon. Dans sa tombe, secoué par le voyage, Lumumba ne peut pas être fier des Congolais qui ont transféré la souveraineté du pays depuis l’AFDL à Kampala et Kigali faisant de Kinshasa la périphérie au point que l’accession au pouvoir à Kinshasa passe par ses capitales prédatrices. Avec 120 groupes armés à l’est assis sur des carrières minières et combattent l’armée loyaliste, l’on peut se demander : « A qui la faute sinon à nous tous singulièrement à la classe des médiocres. » 62 ans après l’indépendance, les forces armées de la RDC (FARDC) sont obligées de vivre des cotisations des députés sensés voter le budget de la défense nationale et en contrôler l’affectation et de l’aumône. Jacques Attali notait avec raison : « Plus généralement une nation se défait quand elle n’a plus les moyens militaires (ou la volonté) de se défendre. Quand elle est envahie par d’autres. (…) En général la disparition d’une nation est précédée par l’effondrement financier et militaire de son État, lui-même provoqué le plus souvent par son incapacité à financer un train de vie devenu excessif ou une défense devenue trop coûteuse face à des ennemis plus puissants. » Prenons conscience que nous avons une armée dont les effectifs ne répondent pas à la menace actuelle de nos voisins de l’est et aux réalités de la guerre hybride. Dressons nos fronts toujours courbés afin que l’est de la RDC cesse d’être un refuge des groupes armés et un terrain d’expérimentation des armées d’autres pays du monde. La balkanisation passera par des accords de « paix » que la communauté internationale impose à la RDC comme de viagra. Qui dit mieux !
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Nicaise Kibel’Bel Oka