RDC. Une (ré)évaluation des opérations militaires contre les terroristes MTM, une nécessité urgente

(EM Sukola I/Oïcha/2017. Le général Mbangu entourés de son staff et Nicaise Kibel’Bel lors d’une mini évaluation. Archives Les Coulisses)

Combien de personnes ont été massacrées par les ADF/MTM, ces moudjahidin de la province Afrique centrale de l’État islamique (IS-CAP) au cours de cette année 2023 ? Personne ne saurait donner les statistiques exactes. Durant le seul mois de mars 2023, on dénombre autour de 150 personnes tuées par les terroristes MTM. Embuscades, enlèvements, recrutement forcé, bombes artisanales dans les lieux publics, collaboration avec l’ennemi, élargissement de la zone d’attaque…Chaque jour, les porte-paroles des FARDC font la comptabilité macabre des actions des terroristes islamistes de Madina at Tauwheed Wal Muwahedeen (MTM). Ce que l’on ne dit plus, c’est le démantèlement

des réseaux dormants et actifs au sein de la population. A toute action correspond une réaction. Celle des FARDC-UPDF n’est ni musclée ni chirurgicale. Malgré l’optimisme béat affiché, reconnaître que la coalition mutualisée FARDC-UPDF ne produit que des résultats en deçà des attentes de la population n’est que vérité. Autrement, cette guerre contre le terrorisme MTM prendra des générations. La bonne question à nous poser se situe à deux paliers. Premièrement, au niveau interne. Il s’agit de faire un bilan comparatif entre Sukola I ancienne formule consistant à responsabiliser un commandant (général) avec deux adjoints, tous des colonels. Et les réalités des troupes engagées au front. Deuxièmement, faire l’évaluation de Sukola I nouvelle formule noyé dans la mutualisation des forces FARDC-UPDF. Maudit soit celui qui peut dire la main sur le cœur que la RDC est sur la bonne voie. La simple lecture des opérations militaires dans le secteur Sukola I montre que rien ne va. Autour de 150 personnes tuées en un mois, on peut tout dire, il n’y a rien à se vanter moins encore à vanter la mutualisation. Faire l’évaluation signifie demander des comptes. Mais à qui ? Sukola I est noyé dans la mutualisation au point que la superposition de commandement rend tout travail inefficace. Quelle est la limite géographie et opérationnelle du commandement Sukola I face à la mutualisation ? A qui répond le commandement du secteur opérationnel Sukola I ? A l’autorité de l’État de siège ou à la coordination des opérations FARDC-UPDF ? A son tour, à qui répond le commandement de la mutualisation ? Si elle répond aux deux Chefs d’État, cela signifie qu’en réalité, elle ne répond à personne. Et donc, personne ne répond de personne. La mutualisation des forces a-t-elle la même résonnance en Ituri et Nord-Kivu ? Quelque part, il y a du désordre. Le désordre ainsi créé ne peut que profiter à ceux qui ne souhaitent pas la fin des opérations. Les terroristes MTM se pavanent aisément d’un lieu à un autre, posent des actes et disparaissent. A peine que les porte-paroles annoncent qu’on a neutralisé deux ou trois avec des armes AK 47. Notre armée opère sur son propre sol. Cela implique qu’elle doit avoir toute la liberté de manœuvres. Nous devrions nous interroger si la RDC a un bon système qui organise le commandement et la haute direction des opérations. Ce système qui adopte le plan général des opérations (nature offensive/défensive) et les moyens matériels à disposer. Mais la question fondamentale, sommes toutes, est : « Quels buts poursuivent les FARDC et l’UPDF entre neutraliser les MTM, diminuer leur degré de nuisance et les éloigner de la frontière ougandaise ? ». Enfin, pour tout celui qui s’intéresse à la chose militaire, il sait que l’un des principes de toute guerre repose sur le gros de forces d’une armée. Avons-nous des effectifs suffisants pour mener une guerre contre le terrorisme ? L’heure a sonné pour une auto-évaluation et une évaluation générale du secteur opérationnel Sukola I. C’est aussi l’heure du repentir pour tout l’opprobre jeté sur les opérations militaires et sur ceux qui dénonçaient le terrorisme et l’extrémisme violent dans le Grand Nord (Ruwenzori). Car, comme l’a écrit Rafi Eitan, quelques mots bien agencés (surtout pour nuire) sont souvent aussi efficaces qu’une bombe.

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Mathias Ikem

 

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