RDC/Ituri. Dialogue intercommunautaire élargi aux groupes armés. Protocole signé. L’espoir pour une paix est-il permis ?

(Bunia. Les leaders des groupes armés remettent le document signé au VPM Jean-Pierre Bemba. Photo Les Coulisses).

Bunia. 25 et 26 avril 2024. L’imposante salle de Rehema Plazza a servi de cadre au dialogue intercommunautaire élargi aux groupes armés de l’Ituri organisé sous les auspices du Vice-Premier ministre en charge de la Défense nationale et Anciens combattants, Jean-Pierre Bemba Gombo. Sous un climat d’entente mutuelle et (peut-être) avec une bonne dose d’hypocrisie, les parties prenantes au dialogue ont fini par signer des accords pour une paix durable, la sécurité et la cohésion sociale à l’intérieur de la province. 500 participants représentant toutes les 21 communautés de l’Ituri sous la facilitation du gouverneur militaire de l’Ituri, Johnny Luboya N’kashama.

La Rédaction du journal Les Coulisses a noté la présence à ce dialogue des administrateurs militaires et policiers des 5 territoires sous l’État de siège : Aru, Mahagi, Djugu, Irumu et Mambasa, les chefs des chefferies et des secteurs, les leaders des groupes armés notamment FRPI, FPIC, CODECO, MAPI, Autodéfense et Chini ya Tuna ( MAIC), ainsi que la structure citoyenne dénommée l’Union des associations pour le développement de l’ Ituri ( UNADI).
Des discussions des groupes armés en carrefour selon les thématiques proposées par le VPM Jean Pierre-Bemba Gombo ont produit les résultats ayant sanctionné le Protocole d’accord dans lequel les groupes armés ont réaffirmé leur engagement sans condition à la cessation immédiate des hostilités et des exactions sur les populations civiles dans le respect des instruments juridiques nationaux et internationaux.

Pour leur part, les forces vives de l’Ituri ont affirmé l’engagement des communautés à régler leurs différends par le dialogue, le pardon et la réconciliation sous la sagesse des autorités coutumières. La paix ne peut revenir qu’à travers l’accompagnement de tous les processus de paix initié par le gouvernement tant national que provincial ainsi que les communautés ituriennes à travers la sensibilisation, les dialogues, l’élaboration des plans d’actions territoriaux pour la paix, la sécurité, la cohésion sociale et le développement en province de l’Ituri.

Les communautés de l’Ituri représentées au sein de l’Union des associations culturelles pour le développement de l’Ituri (UNADI), ont recommandé l’accompagnement du gouvernement congolais et de la communauté internationale dans la mise en œuvre du Programme de Désarmement, Démobilisation, Relèvement Communautaire et Stabilisation ( P.DDRC-s).
Ainsi, le présent Protocole d’accord entre le vice-Premier ministre Jean-Pierre Bemba Gombo, les communautés et les leaders des groupes armés locaux est libellé ainsi  :
 » Nous, Groupes armés : FRPI,URDPC/CODECO, FPIC, MAPI, AUTODÉFENSE et CHINI YA TUNA, participants au dialogue tenu du 25 au 26 avril 2024 à Bunia, chef-lieu de la province de l’Ituri, devant nos responsabilités respectives et devant la nation, prenons les engagements et les résolutions de :
1.Cesser, pour ceux qui s’y sont livrés, toutes les hostilités et les exactions, sans condition, sur les populations civiles, les forces de défense et de sécurité dans le respect des instruments juridiques nationaux et internationaux ;
2.Faciliter la libre circulation des personnes et de leurs biens sur toute l’étendue de la province de l’Ituri ;
3.Favoriser le retour des déplacés et le rapatriement volontaire des réfugiés dans leurs milieux respectifs ;
4.Ne plus communautariser les conflits et les violences ;
5. Ne pas entraver le retour des chefs des secteurs, chefferies, groupements, des villages, pour ceux dont les activités ont entravé le bon fonctionnement de l’administration ;
6.Ne plus circuler avec les armes et ne plus porter les indices militaires et policiers ;
7.Materialiser notre adhésion au P.DDRC-S;
8.Ne plus céder à toute influence, manipulation, intoxication endogène et exogène visant à perturber la paix, la sécurité ainsi que la cohésion sociale et dénoncer les tireurs de ficelles en province de l’Ituri pour qu’ils soient recherchés et arrêtés ;
9.Etre disponible à participer à la défense de la patrie conformément aux textes légaux en la matière.

Nous encourageons les leaders de toutes les communautés au pardon et au vivre ensemble pour la restauration d’une paix durable à travers la justice transitionnelle. Nous demandons aux autorités provinciales et nationales ainsi qu’à la communauté internationale d’appuyer la mise en œuvre de la feuille de route du présent dialogue.
En foi de quoi, avons signé le présent Protocole d’accord, expression de notre patriotisme et de notre ferme détermination pour le retour de la paix, gage de développement de notre chère Province. « .
Pour l’ UNADI qui a pu identifier les causes profondes qui alimentent la violence en province de l’Ituri ainsi que la faiblesse de l’ État, cette structure citoyenne provinciale a énuméré entre autres :-La faiblesse de l’autorité de l’État qui a facilité la prolifération des groupes armés locaux et étrangers ;
-La politique internationale de la balkanisation pratiquée par les pays voisins ( l’ Ouganda et le Rwanda) favorisant la prolifération des groupes armés dans la province de l’Ituri en recourant aux causes endogènes ( crises identitaires, complexe de supériorité et infériorité, accès non équitable aux ressources et aux pouvoirs, etc. ;
-L’ accès aux ressources naturelles, agricoles et leur exploitation illégale par des multinationales régionales et internationales en passant par les intermédiaires locaux dont les plus visées sont l’ or, le pétrole, le cacao, le café, etc.
Au-delà des causes profondes évoquées, viennent s’ajouter les causes immédiates identifiées notamment :
-Faible encadrement des jeunes accentué par le chômage de ces derniers facilitant leur manipulation et recrutement pour la création des groupes armés ;
-L’absence d’une justice distributive entre les sujets sur les questions qui engagent directement ou indirectement les communautés ;
-Violation de certaines limites administratives entre entités, occasionnant les conflits des limites administratives ;
-Explosions démographiques occasionnant le besoin élevé des terres arables des communautés, remettant en question la distribution équitable des terres entre les communautés et les concessionnaires ;
-Migration massive des peuples venus des provinces voisines ( Nord Kivu, Haut Uélé et Tshopo) et des pays voisins ( des Hutu Rwandais, des Konzo Ougandais et des réfugiés Sud-soudanais) accompagnés de l’occupation illégale des terres ituriennes.
Outre ces causes profondes et immédiates identifiées, on a dénoncé la présence massive et injustifiée sur toute l’étendue de la province de l’Ituri, des sujets chinois exploitant illégalement des sites miniers sous les regards admirateurs des autorités compétentes et de leur protection par les services de défense et de sécurité congolais.
Le VPM Jean-Pierre Bemba Gombo a exhorté les Ituriens au respect de leur engagement pris sinon la puissance du feu sera sans pitié, avant de demander à chaque responsable du groupe armé ses contacts téléphoniques pour le suivi de l’ engagement avant l’arrivée du Chef de l’État Félix Antoine Tshisekedi à Bunia pour sceller la réconciliation et l’enterrement définitif de la hache de guerre et amorcer le programme de développement de cette province considérée comme l’une des entités provinciales de la RDC la plus viable regorgeant des ressources naturelles et humaines propices au développement capable de nourrir la RDC et les pays voisins.

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J.A. Muhemedi Kongolo

 

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