Les Coulisses RDC Plus profond que les Grands lacs
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(Image de la jeep des touristes en train de brûler feu dans le parc national Reine Elisabeth. Photo tiers).
Mardi 17 octobre 2023. Queen Elizabeth national Park. Deux touristes étrangers dont la nationalité n’a pas été révélée et leur chauffeur ougandais ont été la cible des islamistes ADF/MTM non loin du lac Katwe sur l’axe Katunguru-Mweya-Katwe. Pas plus de précisions sur le déroulement de l’attaque sinon des corps baignant dans du sang et la jeep incendiée enflammée. Les ADF/MTM signent en l’espace de trois mois un autre acte de violence extrême après celui de l’attaque d’une école secondaire ayant fait plus de 40 morts et de nombreux otages. Ces attaques interviennent au moment où l’armée ougandaise, l’UPDF, est en opération de mutualisation avec les FARDC sur le sol congolais.
Vraisemblablement le message en direction des autorités ougandaises est clair : les ADF/MTM gardent toujours le contrôle de leurs cibles et du terrain en Ouganda, leur fief naturel en dépit des bombardements et du fait d’avoir déplacé le terrain des opérations sur le sol congolais.
Le gouvernement ougandais a annoncé traquer les islamistes appelant la population à la vigilance et assurant les touristes qu’ils peuvent continuer de circuler, il n’y a pas de danger. Une attaque de ce genre avec des cibles étrangères n’est pas le fruit du hasard. Elle est un message notamment sur la présence des jihadistes sur le territoire ougandais.
Le terrorisme islamiste des ADF/MTM a des racines sociales, historiques, économiques et sécuritaires et exige des réponses multisectorielles, multidimensionnelles notamment dans une prise en compte des doléances des frères ougandais et congolais du Ruwenzori avant d’envisager d’autres solutions.
Une mauvaise lecture du phénomène ADF/MTM assimile toujours des attaques sur le sol ougandais à des islamistes venus du côté de la RDC. C’est une erreur d’appréciation et/ou une pure manipulation de la vérité de la part des autorités ougandaises. Bien qu’ils aient cessé d’être une rébellion totalement ougandaise, les ADF/MTM ont des cellules actives et dormantes en Ouganda et opèrent par cloisonnement.
On se rappelle que lors de l’attaque du lycée, la population prenait la défense de « ses » enfants ADF devant les militaires ougandais. Les moudjahidine de la cité sainte de Madina (MTM), arrivés deux jours avant l’attaque, avaient trouvé refuge dans certaines familles. Ils ont eu pour guides des jeunes qui leur ont indiqué les dortoirs des filles et des garçons.
En dernière analyse, cette énième attaque sur le sol ougandais met sur la table le problème de la durée de la mutualisation des forces FARDC-UPDF sur le sol congolais. Avec une question fondamentale : « Les FARDC sont-elles autorisées à lancer elles aussi des opérations ciblées sur le sol ougandais ? » Ne répondez pas svp.
En Ouganda comme en RDC, le Ruwenzori et l’Ituri, Kasese et Bundibudjo constituent les plates-bandes des moudjahidines MTM, aujourd’hui formant avec Al Sunnah du Mozambique l’IS-CAP (Province Afrique centrale de l’État islamique).
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Justin Honlay
