mardi, décembre 10, 2024
Défense & Sécurité

Pourparlers de Nairobi. Une nouvelle opportunité aux groupes armés pour retarder la venue de la paix

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(Munoynyo/Kampala 2012. La délégation du M23 réclamant la gestion d’une partie du pays pendant 5 ans. Archives Les Coulisses).

« Le gouvernement congolais ne négocie pas avec les groupes armés, mais les incite à désarmer. » C’est de cette façon que Serge Tshibangu, mandataire du Chef de l’Etat justifie la cacophonie qui se déroule à Nairobi au Kenya entre les délégués de la présidence de la république et les groupes armés opérant en RDC. Inciter les gens qui ont fait de la violence leur mode de vie par la simple parole sans connaître leurs motivations. Possible. Car, même l’enfer est pavé de bonnes intentions. Qui peut vraiment croire à pareille justification qui, pour moult raisons, paraît non seulement comme une insulte à la nation et à tous ceux qui ont perdu leur vie à la recherche de la paix à l’est de la RDC, mais surtout comme une sorte d’amateurisme sur les questions de la violence armée dans la région des Grands Lacs africains singulièrement à l’est de la RDC ? Depuis l’offensive du Front patriotique rwandais (FPR) en 1990, parrain de la violence armée dans la région, la chute du maréchal Mobutu à travers une armée d’enfants (AFDL) a changé complètement la donne de la région. La première conséquence fut et demeure celle des voisins qui ont décidé de déplacer le terrain des affrontements armés de leurs pays sur le sol congolais. De la sorte et pour réaliser le plan de la balkanisation du Congo, l’est du Congo (le Kivu et l’Ituri) a été maintenu expressément dans la violence armée. La deuxième conséquence est plus dramatique. Les parrains de la violence armée ont soumis et assujetti toute une élite intellectuelle à la recherche du pouvoir que l’allégeance à Kampala et à Kigali sur base de trahison était la seule voie obligée, substituant les coups d’état à des pseudo-rébellions. Par les groupes armés locaux et ceux étrangers, ils ont mis sur pieds une politique sophistiquée pour saboter la création d’une armée nationale forte, républicaine et puissante. La violence armée dans l’est du pays a eu raison du gouvernement central dont Kinshasa, la capitale est devenu la périphérie par rapport à Kigali, Bujumbura, Kampala et Nairobi. Elle a réussi en outre, à miner le fonctionnement du pouvoir central, entraînant magouille et corruption, dans une sorte d’impunité généralisée.

On recycle les groupes armés avec de nouvelles appellations

Négocier ou parler mais avec qui ? Telle devait être la préoccupation première du pouvoir de Kinshasa. Avant d’envisager d’offrir un luxe insolent à des gens qui tuent sans état d’âme (nombreux n’ont jamais franchi les frontières de l’est), il aurait fallu commencer par demander à chaque communauté ethnique de présenter ses doléances et de donner les noms de ses enfants qui se battent pour la sécuriser (puisque les rebelles sont issus des familles, ont des chefs coutumiers voire des politiciens qui les représentent). Ensuite, de demander à chaque communauté de leur ordonner d’arrêter de se battre. Cela revient à se poser la question : « Comment sont constitués les groupes armés en RDC ? Et pour quels objectifs ? » Autour de cette question viendraient d’autres telles que le financement, la prise en charge en nourriture, etc.

Ce qui se passe à Nairobi par la volonté des parrains de la violence armée est simplement de la distraction. Car, la question est celle-ci : « Par quelle tour de magie abracadabrante la RDC qui est allée se plaindre auprès d’Uhuru Kenyatta et Kaguta Museveni contre les agissements du Rwanda sur le sol congolais par le M23 interposé se retrouve à négocier avec les groupes armés autre que le M23 ? » Poser cette question relève aussi du patriotisme. Il faut que la RDC s’érige en puissance pour se protéger à travers l’armée, la diplomatie, l’économie, l’utilisation des intelligences responsables. C’est le seul poison qui tue la mort que les voisins nous imposent. Nous vous donnons la vraie information et nous en payons le prix. Soutenez-nous. Votre contribution financière est attendue. Contacts utiles : +243 998 190 250 et/ou +243 824 244 844

Nicaise Kibel’Bel Oka

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