RDC/Ituri. Des dialogues intercommunautaires pour la paix accouchent de la violence extrême

(Ituri. Des populations fuyant les affrontements de la guerre Hema-Lendu. Archives Les Coulisses 2003).

Quel remède faut-il encore appliquer pour mettre fin à la violence qui écume la province de l’Ituri notamment les territoires de Djugu et d’Irumu ? Quel Dieu faut-il prier pour voir l’amour revenir dans le cœur des Ituriens ? Rappelons quelques tentatives de paix.

Le 6 février 2001, aussitôt arrivé à Bunia, Jean-Pierre Bemba, alors président du Front de Libération du Congo (FLC) initie des consultations auxquelles prennent part 156 chefs traditionnels. Ces consultations aboutissent à la signature le 17 février 2001 d’un Protocole d’accord contenant notamment les dispositions suivantes : -Cessation immédiate des hostilités et désarmement des détenteurs d’armes, relève des militaires opérant dans les territoires en conflit par de nouvelles unités, démantèlement des centres de formation des milices et des combattants,
– ouverture des tribunaux de paix, recrutement et formation de juges et d’officiers de police judiciaire, – réhabilitation des pâturages collectifs en territoire de Djugu, – sensibilisation des services publics en vue du contrôle des mouvements des ventes et l’abattage du bétail.
Depuis, on observa une timide accalmie des années entières même si, çà et là, on pouvait signaler des violences.

En 2003, on vit les Français d’ARTEMIS et la mise sur pied la Coordination pour la Paix en Ituri (CPI) avec Emmanuel Leku comme coordonnateur. On assista au marché de Kolomani à une paix de cimetière entre Lendu et Hema qui burent ensemble le kasiks. Les espoirs se sont envolés.

Le 17 mars 2017, contre toute attente, on vit surgir une milice sans identité, connue sous le vocable « Assaillants non autrement identités ». Elle annonçait le début des hostilités contre les populations civiles innocentes en territoire de Djugu. Le gouvernement Dr Jefferson Abdallah pene Mbaka se voit dans l’impossibilité de faire face à cette violence extrême. Elle va s’étendre dans d’autres entités territoriales et embraser toute de la province de l’Ituri. Conséquence : mouvements ininterrompus des milliers de personnes déplacées vers d’autres milieux plus ou moins sécurisés.
2019. Jean Bamanisa Saidi, nouveau gouverneur de l’Ituri, réussit, avec le concours des services de défense et de sécurité, à arrêter un des leaders de la milice des « Assaillants non autrement identifiés » devenue CODECO. Des massacres à grande échelle sont constatés doublés d’une violence extrême créant ainsi l’insécurité généralisée à travers toute la province de l’Ituri.
Du 18 au 19 septembre 2019, l’Union des Serviteurs de Dieu pour la Culture de la Paix ( USDCP) initie un sommet de paix à Bunia. L’asbl Les Ré bâtisseurs va décortiquer quelques causes et comportements perturbateurs de la paix ainsi que le rôle de l’Église comme réponse de Dieu pour la restauration de la paix durable dans les communautés de base.
A cet effet, 9 équipes constituées de chaque communauté furent mises en place pour l’atelier : des Hema-nord, Hema-sud, Banyali, Babira, Mambisa, Walendu de Djugu, Walendu-Bindi (Irumu), Alur et Ndo-Ukebo. A l’issue de l’atelier, on dégagea les causes et les recommandations.

Quelques causes des conflits

( 2003. Des leaders communautaires lors de la Commission pour la Pacification de l’Ituri –CPI. Archives Les Coulisses).

1.Cause spirituelle : avec comme réalité le faible impact de l’évangile transformateur qui se manifeste à travers l‘hypocrisie, le manque d’amour du prochain, le manque de volonté du pardon, le haine tribale, le mensonge, la médisance, les dénonciations calomnieuses, les préjugés, etc..

2.Causes socio-culturelles : complexes divers et de considération d’autres tribus, la crise d’identité et la non reconnaissance des liens familiaux, l’esprit de domination et hégémonie de certains groupes, des provocations en paroles et actes le manque de réunions de concertation autour d’une table pour résoudre les problèmes.

3.Politico- économiques : le déséquilibre économique, la divagation des bêtes et destruction des cultures, des conflits des terres, le non-respect des limites et tentative de modification des cartographies, la pauvreté et le chômage qui facilite la manipulation facile de la population, la corruption, l’injustice, l’impunité et la distribution inéquitable de la justice, la convoitise de nos richesses (faune, flore et minerais) par et pour les étrangers, l’indiscipline des éléments de forces sur terrain, l’insuffisance d’un leadership responsable et la mauvaise gouvernance dans la politique et l’armée, la présence des groupes armés avec des pratiques mystico- religieuses appuyées par des mains noires non identifiées.

Du 13 au 15 février 2020, Gety en territoire d’Irumu a accueilli le même sommet toujours sous les auspices de l’asbl les Ré bâtisseurs. Cette fois, près de 250 serviteurs de Dieu, originaires du territoire d’Irumu notamment les Walendu-Bindi, Bahema, Babira, Walese, Banyali et un représentant des Pygmées étaient appelés à réfléchir sur la situation désastreuse qui frappe tout le monde sans exception depuis plus de deux décennies. L’atelier avait réuni toutes les catégories sociales, à savoir les serviteurs de Dieu, les autorités politico-administratives, les FARDC et la PNC, les officiers supérieurs de la milice FRPI, les femmes, les jeunes et la presse. Le 28 février un accord est signé avec la FPRI. Septembre 2020, le caucus des parlementaires de l’Ituri dénoncent les maux à la base de l’insécurité en Ituri. Toujours sans résultats. La violence avec fracas continue sans désemparer.

La faute revient-elle aux Ituriens, incapables de fumer le calumet de la paix, à l’Église qui ne sait pas enseigner l’amour ou à l’État congolais ? Ne répondez pas svp.

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J.A. Muhemedi Kongolo

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