RDC. La MONUSCO annonce appuyer les FARDC contre la RDF pour protéger Goma et Sake
(Goma. Un hélicoptère des Nations-Unies atteint visé au vol par des tirs de la RDF en atterrissage forcé. Archives).
Pendant 9 jours, les FARDC ont opposé une farouche résistance sur le front Kibumba visé par l’Armée rwandaise (RDF). Bombardements sur bombardements, finalement les FARDC ont réussi à faire reculer l’ennemi dans les profondeurs du parc national des Virunga. La RDF a tenté un débordement sur Sake où on a signalé des affrontements au village Kalenge. Elle progresserait vers le long de la route nationale (RN) 2 et provinciale 1030 avec objectif prendre Sake.
Géographiquement, si les FARDC venaient à décrocher, la RDF les surprendrait par Mubambiro, Sake ou Mugunga. Mais pour combien de temps, il nous faudra tenir par la défensive ? La MONUSCO intervient-elle comme force auxiliaire ou comme partie principale pour soutenir un allié faible ? Lorsqu’on intervient avec un contingent médiocre, on n’est qu’un accessoire (Antoine-Henri Jomini).
Poser toutes ces questions revient à revoir toutes les stratégies possibles alliant tactique et technique mais surtout le renseignement sur l’ennemi comme pour l’allié. Il faut dire qu’il est difficile de faire le renseignement dans une ville comme Goma où on ne sait pas qui est qui et qui mange et boit avec qui (tout le monde est suspect).
Le Rwanda viserait Goma par Sake
Vendredi 3 novembre 2023, le commandant de la Force de la MONUSCO, le général Octavio Miranda s’est exprimé lors d’un point de presse au cours duquel il a annoncé que les casques bleus vont désormais appuyer les FARDC « Nous avons lancé ensemble (MONUSCO-FARDC) l’opération Spring bok qui vise à protéger la ville de Goma et la cité de Sake (30 kilomètres de Goma) contre l’ennemi. La MONUSCO s’est engagée à travailler avec les FARDC pour protéger les civils ». Pourquoi annoncer à la presse que l’ennemi sera attaqué ? La guerre procède de l’effet de surprise. Faut-il le prendre au sérieux ou en rire ?
Question capitale dès lors qu’on sait que la MONUSCO dispose d’une Brigade de Réaction Rapide (BRR) du contingent marocain dont on vante tant la réputation au combat et qui, jusque-là, observe les combats et les civils en fuite ou tués. Problème. Ce contingent marocain est pré-positionné à Kiwanja (Rutshuru) et à Kitchanga (Masisi), deux agglomérations sous contrôle de la RDF. Selon les mauvaises langues, les casques bleus vivent en symbiose avec les éléments de la RDF. Une offensive de la MONUSCO doit nécessairement avoir des conséquences sur le terrain notamment chez les « amis » marocains de la RDF. Comment cela va se passer alors ?
La réponse a été donnée par le général Octavio Miranda lors du point de presse « La MONUSCO a établi des périmètres de sécurité près de la base de Kitchanga afin d’assurer la protection des civils et aider ceux qui se sont réfugiés autour de ladite base ».
Comme, on peut le constater, nulle part le commandant de la Force onusienne ne fait allusion à une probable attaque plutôt à protéger des civils. Bien plus, la cité de Sake (30 kilomètres de la ville de Goma) qui ouvre sur Masisi reste un rempart essentiel dans la défense de Goma. Problème. Une fois la RDF prenait Sake ou les environs, il sera difficile si pas impossible aux FARDC et la MONUSCO de déloger l’ennemi. La guerre devrait se passer dans les positions conquises et occupées par la RDF et non pas attendre une offensive de la RDF sur Sake.
Enfin, une question qui taraude les esprits avisés. Il n’y a pas longtemps, par la bouche de Bintou Keita labellisée par le Secrétaire général des Nations-Unies, Antonio Guterres, il était fait allusion à : « L’ennemi dispose des armes et équipements très sophistiqués que n’a pas la Mission au point qu’il est déconseillé d’engager des batailles contre l’ennemi ».
Question : « Les casques bleus ont-ils acquis des équipements et armements plus sophistiqués à ce jour pour affronter l’Armée rwandaise sur le sol congolais ? »
Une offensive avec quelle garantie sans penser à l’UPDF?
Dans une guerre, il est d’importance suprême d’attaquer la stratégie de l’ennemi. Quelle est la stratégie de la RDF au front ? C’est faire entrer des colonnes de soldats rwandais étiquetés M23 sur le sol congolais. C’est des attaques de nuit avec ses forces spéciales et placer les marionnettes dans les localités conquises à la levée du jour. Il est aussi indiqué que le passage de l’ordre défensif l’ordre offensif est une des opérations les plus délicates de la guerre (Napoléon).
Liddel Hart conseille de « Ne pas renouveler une attaque sur la même ligne et/ou a même forme qu’elle a échoué la première fois. Un simple renforcement des moyens globaux n’est pas une modification suffisante de stratégie parce que l’ennemi peut aussi se renforcer dans l’intervalle ». C’est ce que la RDF fait tout ce temps. Le VPM de la défense, Jean-Pierre Bemba l’a démontré devant les ambassadeurs. Concentration de la force contre la faiblesse qui dépend de la dispersion de la force ennemie.
Le général Octavio comme les FARDC sait que l’ennemi a des bases arrières notamment sur Bunagana et Chanzu avec l’UPDF. Comment l’attaquer sur la ligne de front si on ne s’assure pas du soutien de l’UPDF ?
Sun Tzu fait remarquer par ailleurs : « Si l’ennemi renforce son front, il affaiblira ses arrières et s’il renfloue ses arrières, il affaiblira son front ». D’où toutes les questions sur le rôle de l’Ouganda dans cette guerre d’agression. Mais la guerre est aussi comparable à un jeu d’échec. Rien n’est joué à l’avance.
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Mathias Ikem