François au peuple congolais : » Tu es indispensable responsable de ton Église et de ton pays. Résiste à la corruption »
Au dernier jour de son séjour en terre de Annuarité et Bakanja, le pape François a donné une exhortation qui scrute l’âme du peuple congolais. Ce, après avoir demandé aux charognards occidentaux de retirer leurs mains de la RDC et d’arrêter de piller ce pays. Devant la multitude rassemblée au stade des martyrs jeudi 2 février 2023, François s’interroge et interroge les Congolais : « Comment vaincre le cancer de la corruption qui semble s’étendre et ne point s’arrêter ? » Il renchérit : « Une personne corrompue est –elle honnête ou pas ? Tous ensemble disons Non à la corruption. » Oui, la corruption qui gangrène la RDC, dans tous les aspects de la vie, et qui n’épargne personne, est un cancer. Du simple policier de roulage au Kuluna en cravate en passant par l’étudiant, le chef coutumier, l’Église, le fonctionnaire de l’État, le magistrat, le militaire, le douanier, personne n’est épargné. Voilà pourquoi le pape François exhorte : « Ne te laisse pas vaincre par le mal. » En s’adressant aux jeunes, François veut transmettre le message à toute la société congolaise. Qui pourrait jeter la pierre à l’autre ? La guerre d’agression et celle contre le terrorisme islamiste est une preuve des maux qui rongent la société congolaise. L’Inspection générale de finances (IGF) présente chaque jour un tableau sombre de la corruption qui semble n’émouvoir personne. Combien d’officiers ne sont-ils pas soupçonnés de travailler pour l’ennemi. Combien de compatriotes ne collaborent pas avec le voisin contre leur pays ? Utilisons-nous réellement nos mains, nos cinq doigts pour construire et non détruire ?
François ne s’est pas contenté du bel accueil lui réservé. Rappelant la beauté et la solidité du diamant, le saint Père a exhorté les vignerons du Seigneur devant nos évêques à la cathédrale Notre de Dame du Congo d’être dignes de mériter de la Croix du Christ : « Au lieu de servir l’évangile, nous nous soucions de gérer les finances et quelques affaires avantageuses pour nous. Que ce vice que nous voudrions éradiquer chez les autres et dans la société ne se trouvent jamais enraciner en nous. » Le saint Père dénonce la médiocrité spirituelle qui a élu domicile à travers un christianisme bourgeois en RDC au point d’oublier même de prier. La gestion des biens immobiliers dans nos diocèses est source de discorde et tiraillements. La prière : « Choisissons la prière comme notre secret. » Un ami missionnaire se plaignait que dans son couvent, les prêtres disparaissaient à la sortie de la chapelle sans suivre la procession et qu’au repas de midi, le réfectoire était vide. Ils étaient tous partis ailleurs. Le célibat sacerdotal est l’un de remèdes à cette médiocrité parce qu’il est signe de disponibilité complet qui pousse à sortir du territoire du moi pour aller vers les autres. Le deuxième défi, dit-il, « est celui de vaincre la tentation du confort mondain, d’une vie confortable. C’est un scandale quand cela arrive dans la vie d’un prêtre ou d’un religieux qui devraient au contraire être des modèles de sobriété et de liberté intérieure. S’il vous plaît, faisons attention au confort mondain. » Le serviteur du Seigneur doit être jugé par le témoignage car le témoin fait parler la vie et laisse transparaître la beauté. Il offre proximité et consolation comme lumière toujours allumée devant l’obscurité. Le binôme qui sous-tend la corruption est celui du corrupteur et du corrompu. Voilà pourquoi le pape François appelle à résister à la corruption pour qu’il n’y ait plus de corrupteur : « Si quelqu’un tend une enveloppe, te promet des richesses, ne tombe pas dans le piège. Ne te laisse pas engloutir dans la marée du mal. NON à la saleté de la corruption. » halte à ceux qui manipulent les serviteurs du Seigneur. Le saint Père a aussi abordé la vertu du silence, le silence devant le Seigneur face à l’agitation mondaine. Ce silence qui a quitté notre Église doit y revenir.
Enfin, le pardon. Dans les crises, la force qui nous fait avancer, c’est le pardon. Les témoins de la foi ont confessé la force de l’amour et du pardon dans leur vie : « Accordons notre pardon aux personnes que nous avons offensées. »
Pèlerinage riche en enseignements et en exhortations, le voyage apostolique du saint Père aura été un baume aux blessures du peuple de Dieu en terre congolaise. Bénissant le peuple congolais, François a demandé aussi qu’on prie pour lui. Que ces exhortations touchent le peuple de Dieu en RDC et produisent de bons fruits pour reconstruire ce beau pays.
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Nicaise Kibel’Bel Oka