mardi, décembre 10, 2024
Défense & Sécurité

Ouganda. Les moudjahidines MTM défient l’UPDF. Bilan : 42 élèves tués et des otages

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(Attaque des MTM à CPS-Central Police Station à Kampala. Archives Les Coulisses)

Bwera (axe Bwera-Kikorongo). Dans la nuit de vendredi 16 juin à samedi 17 juin 2023. L’internat Peter Lubiriya School situé à Nyabugando (près de 10 kilomètres de la frontière Mpondwe (Ouganda)-Libiriya (RDC) dans le district de Kasese. Une attaque des combattants MTM a fait 42 morts parmi les élèves filles et garçons et des nombreux otages. Les combattants de la ville sainte de Madina (MTM) ont utilisé des armes blanches pour commettre ce carnage. Les images insoutenables parvenues à notre Rédaction centrale donnent une idée de l’ampleur de l’horreur. Les combattants MTM ont prouvé encore une fois qu’ils ont la maîtrise de l’initiative stratégique : liberté de choisir leur cible, de choisir l’heure et le lieu. Ils sont comme le poisson dans l’eau. En frappant un internat d’une école secondaire en plein Ouganda, les MTM n’ont pas dérogé à la règle du terrorisme moderne qui a pour principal cible la population civile sans défense.

Une attaque qui défie les services d’intelligence ougandais

Selon une source fiable qui s’est confiée à notre Rédaction, les moudjahidine de la cité sainte de Madina (MTM) sont arrivés deux jours avant l’attaque. Ils ont trouvé refuge dans certains foyers. Ils se sont servis des jeunes qui leur ont indiqué les dortoirs des filles et des garçons. Après leur avoir montré les dortoirs des filles et des garçons, les guides sont repartis. Les portes du dortoir des garçons étaient fermées à clé sauf celles des filles. Les islamistes ont renforcé les cadenas avant de mettre du feu au dortoir des garçons. Le temps que les garçons s’en rendent compte et se battent pour briser la porte, le feu les avait déjà atteints. Ce qui a permis aux MTM d’opérer librement dans chez les filles dont la porte du dortoir n’était pas fermée. Ils les ont décapitées avec des armes blanches et ont amené d’autres comme otages. Selon une source officielle, les terroristes MTM seraient venus de Kasindi-Port (côté RDC) et ont traversé la frontière sans être démasqués. Une autre source fiable a révélé que ceux qui ont attaqué l’école vivaient en Ouganda. De toutes les façons, venus de la RDC et/ou vivant en Ouganda, les services d’intelligence (police et UPDF) n’ont pas pu avoir les informations nécessaires à temps utile.

Soutien de la population de Bwera à « leurs » enfants MTM

Appelant la population à la vigilance, le général de l’armée ougandaise, Dick Olum qui commande l’UPDF dans la traque des MTM sur le sol congolais a eu les mots au bord des larmes : « Il y a parmi vous ceux qui disent que ce sont nos enfants, les ADF/MTM. Cela fait très mal. Je vous exhorte à la vigilance. Lorsque vous voyez quelqu’un de suspect, venez signaler au L.C. Si vous voyez une personne suspecte, venez nous en parler. Et je vous exhorte de nous aider à chercher ces jeunes qui ont conduit ces terroristes ADF jusqu’ici. Ils venus de Kasindi Port nuitamment, ils ont passé deux jours avant d’opérer. Aidez-nous à démasquer les suspects au lieu de nous accuser à tort de ne rien faire ou d’être à la base de l’insécurité. Personnellement, je reviens du Congo où je traque les ADF. Cela m’écœure du fait qu’ils ont frappé e chez moi à la maison, je me sens coupable. Cela nous concerne tous. Pourquoi vous ne voulez pas dénoncer les suspects ? Il y’a ceux qui disent que ce sont nos enfants ».

Même modus operandi à Beni (RDC) comme en Ouganda

Les Moudjahidine de la cité sainte de Madina (MTM) ayant fait allégeance à l’État islamique (DAECH) ont le même mode opératoire. Il consiste à occuper les habitations de la population avec leur complicité avant de frapper. En 2011, lors de la frappe du camp militaire Mukakira (Oïcha), les ADF/MTM avaient obtenu de la population d’occuper les maisons aux abords du camp pendant deux jours avant d’attaquer la nuit les hommes du général Kalonda Famba alors colonel. Durant les deux jours, ils ont eu à étudier le mouvement des FARDC, à vendre de la cigarette et du carburant aux abords du camp avant de frapper. C’est presque la même stratégie. Parce que (et on a tendance à l’oublier et/ou à négliger), la principale source d’information de terroriste est le renseignement obtenu de la population civile. Cette dernière ne livre les informations que si elle se sent en sécurité et en symbiose avec le terroriste. Et comme d’aucuns ont reconnu que ce sont leurs enfants, tout est dit. En RDC, l’UPDF tue les enfants ougandais du king Irimangoma.

Une réponse inadaptée et exhibitionniste de l’UPDF

Aussitôt le carnage découvert, l’UPDF a crié haut et fort qu’elle venait de larguer des avions de combat dans le parc national des Virunga pour traquer les terroristes qui venaient de fuir. Quel spectacle éhonté ! Ceux qui ont attaqué l’école sont « nos » enfants et donc nous « les avons cachés » dans nos maisons. C’est comme cela qu’il faut comprendre le message de la population de Bwera. On ne combat pas les terroristes avec des avions bombardiers parce que « l’insurgé ne livre aucune bataille rangée mais trouve sa protection au sein de la population ». Souvent loin du front connu, ils n’ont aucune zone de refuge.

Nicaise Kibel’Bel Oka relevait dans son ouvrage « L’avènement du jihad en RDC. Un terrorisme islamiste ADF mal connu » Éditions Scribe, Bruxelles, 2016 : « Les trois éléments constitutifs de l’acte terroriste sont : usage de la violence, objectif politique et intention de semer la peur chez les civils. Paradoxalement, sans appui populaire, il ne peut y avoir du terrorisme. » La population reste l’enjeu majeur du terrorisme.  On ne l’a pas cru. Au contraire, il reçut une pluie d’injures, des menaces et d’attaques personnelles. En Ouganda comme en RDC, le Ruwenzori et Kasese constituent les plates-bandes des moudjahidines MTM, aujourd’hui formant avec Al Sunnah du Mozambique l’IS-CAP (Province Afrique centrale de l’État islamique).

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Nicaise Kibel’Bel Oka

 

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