« Après lecture, je suis choquée de constater que vous vous exprimez en défenseur de la communauté Tutsi/Banyamulenge qui serait victime d’un discours de haine, alors que vos condamnations sont généralement inexistantes, voire trop faibles, sur les tueries des milliers de congolais par l’armée rwandaise et ses supplétifs du M 23 ». A travers ces lignes contenues dans la lettre N/R1769/LW/CAB/ME/MINJ&GS/2023 du 24 juillet 2023, Rose Mutombo Kiese ne va pas par le dos de la cuillère quand elle réagit à la lettre de l’Ambassadeur Jean-Marc Châtaigner.
En effet, le 17 juillet 2023, l’ambassadeur de la Délégation de l’Union européenne à Kinshasa, Jean-Marc Châtaigner avait par son courrier N°ARES (2023) 4989093 adressé à la Ministre rd-congolaise de la Justice Rose Mutombo Kiese et au président du CSAC, fait part de (leur) indignation quant aux propos de Justin Bitakwira « de nature à croître les risques de violences interethniques davantage lorsqu’ils émanent d’un leader d’opinion. Nous tenons à rappeler que M. Bitakwira a récemment été placé sur la liste de mesures restrictives individuelles de l’Union européenne pour avoir de manière répétée incité à la violence et à la discrimination en propageant un discours de haine, notamment à l’encontre de la communauté Tutsi et en particulier Banyamulenge. C’est donc un cas de récidive qui mérite une attention collective ». L’ambassadeur de l’Union européenne, ajoutait qu’il estimait « qu’à ce moment, le meilleur combat à mener (pour la RDC) est celui de la cohésion nationale. »
Non, monsieur l’ambassadeur, c’est une mauvaise solution qui cache mal le projet de balkanisation de la RDC. A ce moment, le meilleur combat à mener par l’Union européenne est celui d’aider la RDC à déloger la RDF des localités conquises et occupées dans les territoires de Rutshuru et Masisi et également à mettre fin à la situation infra humaine et éhontée des populations congolaises déplacées de force. Elles n’ont pas besoin des biscuits protéinés mais de retourner chez elles, planter le haricot et le consommer.
Comment la RDC pourrait-elle sortir de la déstabilisation chronique et de l’insécurité dont elle est victime sous-traitées par le Rwanda et du complot international auquel elle fait face si les grandes puissances à l’origine de ce calvaire lui dictent la ligne de conduite à suivre ? Si tous les leviers de la lutte sont verrouillés par l’Occident ?
La ministre rd-congolaise de la Justice ne soutient nullement des propos de haine contre une communauté fut-elle Tutsi mais dénonce les deux poids, deux mesures et la duplicité (sinon la partialité) de l’Union européenne dans ses prises de position sur les questions de l’insécurité en RDC. Ce message est une sorte de mise au point à tous ceux qui veulent aider la RDC à mettre fin au cycle de violence instrumentalisée au nom d’une seule communauté alors que la RDC en compte jusqu’à 450. L’on se rappelle la posture rocambolesque de l’ambassadeur des États-Unis à Kinshasa, assis à même le sol pleurant avec les Banyamulenge à Uvira. Somme toute, l’ambassadeur de l’Union européenne à Kinshasa ne devrait pas s’enorgueillir des sanctions que son organisation prend sur des Congolais sans leur donner le moyen de se défendre et qu’elle lève ou maintient selon ses humeurs. L’on craint que l’Union européenne ne puisse se prononcer dans le dossier Mwangachuchu. Qui dit mieux !
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Rédaction journal Les Coulisses