(Vue des collines verdoyantes surplombant Chanzu. Photo Les Coulisses)
Pendant deux jours, de folles rumeurs sur la contre-offensive et la récupération de la bourgade de Bunagana par les forces loyalistes ont circulé. Des cris joie des compatriotes aveuglés par une réaction à l’humiliation subie par tout un peuple. Personne n’a pensé s’informer auprès des porte-paroles des FARDC à Kinshasa comme à Goma. Les réseaux sociaux ont emballé même des professionnels des médias. Personne n’a pensé un seul instant que ce ballon d’essai fut l’œuvre des services de l’ennemi. Rentrant dans le cadre de la manipulation stratégique de l’information en temps de guerre. Les services de l’ennemi ont joué avec l’esprit de tout un peuple en créant des cascades informationnelles sur base de la rumeur. Les FARDC ont repris Bunagana. Les soldats rwandais fuient comme des rats. Le général Chicko, le nouveau Mamadou. La rumeur est une affirmation factuelle concernant une personne, un groupe, une institution dont la véracité n’a pas été prouvée, transmise d’un individu à un autre. Sa crédibilité réside en ce que les autres y ajoutent foi sans discernement. Les services de l’ennemi se sont servis du drame qu’ils font subir à la population congolaise. Parce que tout drame suscite indignation. Que les gens indignés se fient plus que d’autres aux rumeurs car elles justifient leurs émotions. En faisant passer la rumeur selon laquelle les vaillants soldats congolais venaient de mettre en déroute l’armée rwandaise et de récupérer Bunagana, les propagateurs qui diffusent la médisance et l’intox ont touché la corde sensible des Congolais. Ils ont même désigné le « héros » de cette victoire, le général de Brigade Chicko de la garde républicaine qui est à Kinshasa pour faire plus de mal avec du vrai-faux. Et l’intox a rationalisé et soulagé les esprits. Le laboratoire de l’ennemi, usant de cette propagande délibérée de l’intox, a attribué au général Chicko même le don d’ubiquité l’opposant au ministre Patrick Muyaya. La propagation de l’intox est le fruit des cascades informationnelles et d’une polarisation d’un groupe. Le laboratoire des services de l’ennemi sait qu’une rumeur est plus crédible si, d’une part, elle correspond à ce que nous croyons déjà comme vrai et si, d’autre part, elle entre en résonance avec certains de nos espoirs et/ou de nos craintes. Tout vrai compatriote tient à ce que la FARDC récupèrent Bunagana et chassent l’ennemi, le mauvais voisin. On a expérimenté ce cas en octobre 2014 lorsque débutent les tueries à Beni dans la guerre contre les ADF/MTM. Dans une guerre, le laboratoire de l’ennemi utilise toutes sortes de stratégie de communication allant de l’intox au pourrissement, de la manipulation à la démoralisation des troupes. Un soldat pouvait facilement dégarnir sa position au simple fait que Bunagana a été repris. Même la presse congolaise a manqué le sixième sens qui veut que l’on se méfie de ce que les autres pensent, d’en contester le bien-fondé dès lors que les Forces armées n’avaient pas communiqué sur la situation. Autour de nous, il y a des taupes au service de l’ennemi dont la mission est de distraire avec de l’intox et la fausse info. Les règles d’une guerre sont complexes pour les esprits non avisés. Le bon commandant n’envoie pas ses hommes à la poursuite d’un ennemi qui simule le combat, n’attaque pas des soldats prêts à tout et ne répond pas aux amorces de l’ennemi. La contre-offensive se prépare avec sérieux pour ne pas essuyer une autre défaite.
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Nicaise Kibel’Bel Oka